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Education

Boîte à outils éducatifs #2 : A pour antécédents

Vous voyez cette scène ou vous êtes dans la cuisine, vous criez “on maaaange” à vos enfants qui jouent à l’étage, et … rien ne se passe. 

Vous réitérez une fois, deux fois… l’escalier reste désespérément vide et silencieux, et vous finissez par monter comme une furie en pestant contre ces enfants qui n’écoutent rien alors que vous venez de vous donner du mal pour leur faire un bon repas. Ambiance …

C’est précisément ce genre de situation que l’on va essayer de désamorcer à l’aide des antécédents

Dans cette série d’articles “boîte à outils éducative”, nous allons vous proposer des outils basés sur de solides recherches scientifiques. Le but ? Trouver des solutions à tous ces “petits” problèmes courants, pour lesquels on se retrouve à exploser, hurler, menacer, et, bien sûr, culpabiliser…

Qu’est-ce que c’est que les antécédents ?

Les antécédents, c’est tout ce qui arrive avant le comportement. En effet, le comportement est influencé avant même qu’il ne se produise, par les éléments environnementaux, le contexte d’apparition et, dans le cas d’une demande de comportement, la manière dont la demande est formulée.

Les antécédents nous demandent de décentrer notre attention du comportement de l’autre, pour la rediriger vers notre propre comportement. Faire son auto critique étant toujours un peu difficile, les parents ont tendance à beaucoup négliger les antécédents, or ils constituent un véritable levier, très efficace, de modification des comportements. L’idée n’est pas de “faire parfaitement” mais de piocher ici et là ce qui vous parle,et d’essayer pour voir ce qui fonctionne pour vous. 

C’est parti pour plusieurs techniques éprouvées pour augmenter les chances que la réponse de votre enfant ne soit pas “non !!!!” :

Formuler avec une injonction + s’il te plaît

Formuler sa demande en utilisant la forme injonctive et y ajoutant s’il te plaît augmente la probabilité que votre interlocuteur réponde favorablement à votre demande.

Exemple: si vous voulez que votre enfant absorbé dans son jeu vienne à table: 

Chaton, viens à table s’il te plaît » a plus de chances d’aboutir que : 

Chaton, peux-tu venir à table ?”

Même si la deuxième formulation peut sembler plus “bienveillante”, elle sous-entend que la personne a le choix et peut donc vous répondre “non” ou ne pas faire ce que vous lui avez demandé. Elle est donc bien utile quand l’enfant peut faire un choix, mais pas quand vous attendez de lui qu’il agrée à votre demande sans discuter. 

Utiliser “s’il te plaît” marque simplement le respect que vous avez envers votre enfant, et augmente son envie de répondre favorablement à votre demande. 

Formuler une demande claire et spécifique

Nous ne nous en rendons pas compte, mais notre sens de l’implicite est beaucoup plus développé que celui de nos enfants, qui ont encore une compréhension très littérale des choses. Si vous faites la remarque : “dis donc, c’est le bazar dans cette chambre, il faut faire quelque chose !”, votre enfant risque fort de ne pas comprendre qu’implicitement, vous êtes en train de lui demander de ranger sa chambre. 

Pour que nos demandes aboutissent, il va donc falloir être beaucoup plus clair, et surtout beaucoup plus spécifique. Par exemple: Si on veut que l’enfant range sa chambre, demander : 

 « ramasse les vêtements qui traînent sur le sol et mets les dans le panier de linge sale » puis “maintenant ramasse les livres qui sont éparpillés et remet les dans la bibliothèque” a bien plus de chances d’aboutir que : « range ta chambre« .

Demander calmement

Quand Chaton n’écoute pas, c’est bien tentant (et bien naturel quand la colère monte) de grimper de quelques décibels, en espérant que le message atteigne enfin sa cible. Le fait est que les demandes formulées avec un ton de voix posé, doux, et une posture ouverte ont plus de chances d’aboutir. Autant que faire se peut, on essaye de formuler ses demandes calmement sans crier. Sur le moment, ça peut marcher ! Mais rappelez-vous que les enfants apprennent beaucoup par imitation, et que si vous braillez, ils vont brailler aussi ! 

Parfois, ça n’est pas possible, on s’agace, on s’énerve, et il n’y a aucun problème avec ça, ça ne va pas traumatiser votre enfant, vous êtes humain, pas un robot, et c’est tant mieux ! Ca aura juste moins de chances d’être efficace…

Être proche physiquement

Encore un principe de base que vous connaissez certainement tous et toutes, mais qu’on peut vite oublier dans un quotidien surchargé, où on fait 10 choses en même temps.

Sans aller jusqu’à se la jouer super nanny qui s’accroupit devant les enfants dès qu’elle a un truc a leur dire, formuler vos demandes en étant proche physiquement de vos enfants leur donne bien plus de chances d’aboutir favorablement. 

Donc autant que faire se peut, on essaye d‘éviter les demandes faites d’une pièce à l’autre, le dos tourné, sans contact visuel, car ça ne marche tout simplement pas ! 

Graduer les demandes

C’est-à-dire faire plusieurs demandes à haute probabilité d’apparition avant de formuler une demande de comportement plus « difficile ». Je m’explique : une demande à haute probabilité d’apparition, c’est une demande qui concerne toutes les choses que l’enfant fait facilement, les demandes auxquelles il répond généralement favorablement. 

Exemple: si l’enfant a beaucoup de mal à se mettre à ses devoirs, on peut d’abord lui demander une série de comportements qu’il réalise facilement (prendre un goûter puis prendre sa douche par exemple) avant de lui demander de se mettre aux devoirs. Il est démontré que plus on répond favorablement à des demandes, plus on est susceptible de répondre favorablement aux demandes suivantes, même si elles sont moins agréables ou plus difficiles pour nous.

Offrir des choix

Un grand classique que, j’en suis sûre, vous connaissez et utilisez à peu près toutes.

On en parle souvent avec les tout-petits enfants, par exemple quand ils refusent de s’habiller, de partir (« On met les chaussures ou les baskets? » « On prend la route X ou la route Y? »… Mais c’est aussi très efficace avec les ados, qui ont besoin d’indépendance. Demander « quand tu sors avec tes copines, soit tu m’appelles quand tu arrives, soit tu m’envoies un texto. Tu préfères quoi ? » a plus de chances d’aboutir que de faire jurer à votre ado de vous appeler coûte que coûte (alors que les ados n’utilisent pas leur téléphone pour appeler, n’est-ce pas ?)

Proposer un défi ludique

L’idée est de transformer un comportement que l’enfant n’a pas envie d’effectuer en challenge. 

Par exemple « je parie que tu ne peux pas finir de ranger tes jouets avant que moi j’ai fini de débarrasser la table ! » ou encore « je parie que tu ne peux pas mettre ton manteau et tes bottes seul, c’est trop dur, aucun enfant de ton âge ne peut y arriver! » (A faire bien sûr si vous savez que votre enfant en a les capacités). NB: Je sais que cette formulation peut surprendre, mais elle a été démontrée comme la plus susceptible de favoriser l’apparition du comportement. Tout cela doit être dit sur un ton joyeux, on est dans le jeu, le défi, l’enfant doit s’amuser (et nous aussi, pourquoi pas ! )

Parmi ces antécédents, lequel vous parle le plus ? Lequel découvrez-vous ?

Retrouver l’outil éducatif #1 : la louange spéciale

Sources utilisées pour la rédaction de cet article : 

Alan Kazdin, « Eduquer sans s’épuiser », 2023, éditions Solar

Programme de parentalité Triple P

Programme de parentalité The incredible Years 

2 commentaires

  • Gwen

    Bonjour
    Je découvre votre collectif. Et après lecture de plusieurs articles je m’interroge: vous parlez de « solides recherches scientifiques » qui sont la base de vos propos mais je ne vois nulle part mentionnées les études, les sources, en dehors de ce livre de Alan Kazdin et de ces programmes de parentalité… ?

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